Tissage Urbain : une œuvre inédite mêlant art et architecture par l’artiste Romain Froquet s’installe cet été place Bellecour à Lyon
Projet Tissage urbain par l'artiste Romain Froquet - Place Bellecour à Lyon © Tristan Israël Architecture
Il faut parfois un geste fort pour relier le passé d’une ville à ses horizons futurs. Avec Tissage Urbain, Romain Froquet déploie ce geste avec une élégance rare, enracinée dans la mémoire lyonnaise et projetée dans l’urgence contemporaine. L’artiste, déjà reconnu pour ses interventions in situ où se croisent abstraction organique et tension urbaine, orchestre ici un dialogue sensible entre la monumentalité historique et la délicatesse du tracé.
La place Bellecour, cœur battant de Lyon, devient sous sa direction un immense métier à tisser où chaque fil – bois, textile, acier – entre en résonance avec les Canuts, ces tisserands de soie qui ont forgé l’identité ouvrière de la ville. Froquet, en maître du rythme et de la répétition, conçoit une œuvre-paysage, une chorégraphie urbaine faite de courbes suspendues et de passages ombragés. Le geste n’est pas décoratif : il est fonctionnel, social, écologique. Il s’agit d’habiter l’espace, de l’apaiser, de le rendre respirable.
Ce que propose Romain Froquet, ce n’est pas une sculpture, c’est une expérience. Tissage Urbain n’impose rien ; il suggère des mouvements, invite à la flânerie, à la contemplation, à la rencontre. Les arches monumentales, loin de s’imposer, s’inclinent devant les lignes de force du site : elles s’ajustent à la statue équestre de Louis XIV, guident le regard vers la colline de Fourvière, tout en dessinant de nouveaux horizons d’usage. Ce respect du lieu, sans renoncer à la puissance formelle, témoigne d’une maîtrise rare dans l’intervention sur le patrimoine.
Ce qui frappe dans cette œuvre, c’est sa porosité : Froquet n’enferme pas l’espace, il l’ouvre. Aux flux, à la lumière, aux ombres portées, aux variations saisonnières. Il compose avec l’histoire, le climat, la matière. Les tracés qu’il dessine – de l’eau, de l’usage, de la lumière – ne sont pas de simples lignes ; ce sont des lignes de vie, des chemins de respiration dans un îlot minéral asphyxié. Chaque passage devient un seuil, chaque voile un souffle.
En cela, Froquet rejoint une pensée de l’art public qui dépasse le spectaculaire : celle qui transforme sans écraser, qui sublime sans effacer. Son intervention, conçue pour être démontable et modulable, s’inscrit dans une économie de la réversibilité. Elle est temporaire mais ambitieuse, modeste mais visionnaire. Elle marque une étape, mais aussi une méthode : écouter le lieu, activer les mémoires, faire œuvre avec le vivant.
Tissage Urbain n’est pas une œuvre qui se regarde. C’est une œuvre que l’on traverse, que l’on habite, que l’on vit. Romain Froquet y déploie une poésie d’ingénieur où la ligne devient un lien. À Bellecour, il ne signe pas seulement une installation : il tisse, entre passé et futur, les fils sensibles d’un nouvel art de la ville.
Alisa Phommahaxay

Romain Froquet – Dessins préparatoires du projet Tissage Urbain © Marie Moroté
[Source : communiqué de presse]
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